13 - 9100 - 9425, DE L’AGE D’OR A LA DECADENCE

Publié le par MisterBolt

13 - 9100 - 9425, DE L’AGE D’OR A LA DECADENCE


De centrifuge qu’il était aux temps glorieux de Koddah et des Mille Héroïques, l’Empire devint centripète : Tout ramenait au centre, à Prima, où des Empereurs fainéant géraient dans l’opulence leur rente de patrimoine. Ils n’étaient plus les fiers condottières, ni les hardis explorateurs, ni même les bâtisseurs titanesques d’antan… La mode était à l’Empereur Bourgeois !

SOU HE TON, Les Douze Khans.

 

 

Les trois cent ans qui suivirent l’arrivé de la propulsion Lehouine furent, pour le citoyen impérial, une sorte d’âge d’Or. Grace aux gigantesques Lehouines, les marchandises, les matières premières abondaient, lentement mais sûrement, des colonies éloignées vers le centre de la Galaxie.

 

L’ensemble des Créatures vivantes et intelligentes rassemblées au sein de l’Empire s’accorda, semble-t-il, une pause, un moment de grâce, pour souffler et jouir de la vie. Ce fût aussi une époque riche et prolixe pour les arts. De nombreux chefs-d’œuvre qui font aujourd’hui la fierté des musées impériaux datent du 96ième siècle.

 

Pourtant le pouvoir central restait désespérément improductif. L’Empire savait consommer mais non plus produire : on ne découvrait plus de nouveaux systèmes, on annexait à tour de bras les petits Etats indépendants que la furie colonisatrice avait laissés en friche derrière elle. Le pillage des colonies extérieures permettait à l’Empire du centre de dépenser sans créer de richesses.

 

Ce système reposait sur la faiblesse des mondes face à l’administration centrale. Par nature, il ne pouvait être que provisoire. L’Empire n’exportait plus que des douaniers et des hauts fonctionnaires. Même les garnisons massées aux frontières de l’Empire, assoupie par l’attente d’un ennemi qui ne venait pas, succombaient, elles aussi, aux sirènes du laxisme et aux plaisirs d’une surconsommation additive. Les autorités spirituelles elles-mêmes devenaient bassement matérialistes.

 

Une secte allait ainsi acquérir en quelques années une grande importance, financière autant que religieuse. En phase avec leur époque, les adeptes de la « Vertu démoniaque » clamaient la rédemption par le péché, prônaient la pureté par le vice et annonçaient l’élévation de l’âme par la corruption. Leurs églises satellisées, où toutes sortes d’orgies et de délires tenaient lieu de cérémonies, connurent des records d’affluence.

 

Mais un réveil pénible attendait l’Empire ivre de luxure. Il vint d’une race barbare des frontières, dont les aspirations mystiques, fondées sur l’ascétisme et les valeurs guerrières, étaient en absolue opposition avec le sybaritisme humain. Les Karias déclenchèrent parmi les mondes E.T. et même humains, une rébellion tout d’abord ponctuelle. Mais, après quelques succès faciles dus à la corruption et à la désorganisation, la Théocratie des Guerriers Mystiques Karias fanatisa ses troupes à outrance. Une vague barbare submergeait l’Empire.

 

Seule l’intervention des « monstronefs » Lehouines capable d’amener sur les mondes rebelles des centaines de milliers d’homme de la Division Intervention, parvint progressivement à endiguer la révolte. L’utilisation massive des « formecs », ces robots autoguidés, donna finalement la victoire à l’Empire. Mais le choc avait été brutal, laissant des cicatrices profondes. Mêmes le citoyen impérial de base, tout engourdi de plaisir et de luxe qu’il fut, avait été choqué aussi bien par la révolte que par la répression brutale qui s’ensuivit.

 

Il fut alors décidé avec sagesse de laisser aux frontières de l’Empire, dans la fange des mondes nouvellement découverts ou pas encore intégrés à l’Empire, une zone d’influence flou où pourraient s’exprimer et se concrétiser les idées originales, anticonformistes ou même oppositionnelles. Votées par le Conseil Suprême, les lois de mise en quarantaines des mondes de niveau technologique inférieur, outre la protection apportée à leur culture originale, permettaient de les garder à un stade leur interdisant un affrontement direct avec l’Empire.

 

Pourtant, ces troubles semblaient avoir fortement sapé la foi, autrefois universellement répandue, de la mission civilisatrice humaine à travers le Galaxie. De fait, l’expansion humaine sera largement stoppée pour quelques siècles.

 

Une autre conséquence troublante de ces évènements fut le retour de la Hanse des Marchands, qui retrouva toute la faveur qu’elle avait perdue aux yeux de l’Empereur et de l’Admintek. Ce fait peu s’expliquer par toutes sortes de contraintes économico-politiques. Une définition claire des règles du jeu commercial était devenue nécessaire ainsi qu’une sorte de moralisation des pratiques dénoncées par la révolte Karias.

 

La primauté nouvelle donnée par le Conseil Suprême aux cultures exotiques des frontières, accompagnée d’une politique résolument décentralisatrice, entraîna rapidement l’émergence de pouvoirs locaux. Baronnies, Démocratie Populaires, Républiques Planétaire, Principauté, une floraison de régimes vassaux s’épanouissait. L’Empire devenait une mosaïque dont l’unité, symbolisée par l’Empereur, semblait bien affaiblie. En outre, il n’est pas certain que le phénomène de cours préconisé par l’Admintek pour attirer dans l’orbite impériale les potentats locaux et influencer leur politique ait eu les résultats escomptés.

 

Au contraire, les chroniques de l’époque mettent en scène un Empereur faible plus soucieux d’étiquette que de politique, une cour rongée par les complots et les luttes d’influence, bref, tous les stigmates d’une décadence de l’Empire tel que l’avaient redouté ses premiers fondateurs.

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M
<br /> Belle description de l'affaiblissement d'un empire décadent ! Bravo !<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Le reste est à venir !<br /> <br /> <br />